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LE SECRET

L’express pour Liverpool était parti une demi-heure avant qu’il atteignît la station, et il avait à attendre une heure un quart qu’un train ordinaire l’emportât à sa destination.

Robert Audley s’irrita cruellement contre ce retard. Une demi-douzaine de bâtiments pouvaient mettre en mer pour l’Australie pendant qu’il errait çà et là sur la longue plate-forme, heurtant les camions et les facteurs et pestant contre sa mauvaise chance.

Il acheta le Times, et regarda instinctivement à la seconde colonne, avec un intérêt maladif, les avertissements sur les gens disparus, fils, frères — et maris, qui avaient abandonné leurs demeures pour n’y retourner jamais, ou dont on ne devait plus entendre parler.

Il y avait l’annonce d’un jeune homme qui avait été trouvé noyé quelque part sur le rivage de Lambeth.

Pourquoi George n’aurait-il pas eu le même sort ? Non ; la dépêche télégraphique impliquait son beau-père dans le fait de sa disparition, et toute conjecture sur lui devait partir de ce point unique.

Il était huit heures du soir lorsque Robert arriva à Liverpool, trop tard pour faire autre chose que de s’enquérir des bâtiments qui avaient mis à la voile pour les antipodes durant les deux derniers jours.

Un vaisseau d’émigrants était parti à quatre heures cette après-midi, — le Victoria Regia, — chargé pour Melbourne.

Le résultat de son enquête se réduisit à ceci. S’il avait besoin de savoir qui s’était embarqué sur le Victoria Regia, il devait attendre jusqu’au lendemain matin et prendre des informations sur ce vaisseau.

Robert Audley était au bureau le lendemain matin, à neuf heures, et fut la première personne qui y entra après les employés.