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LE SECRET DE LADY AUDLEY

s’en retourner sans m’inquiéter de savoir qui elle était ou ce qu’elle voulait. Comment faire pour savoir si ce n’était pas quelqu’un porteur d’un message ou d’une lettre de George Talboys.

— Si cela est, monsieur, assurément on reviendra, dit mistress Maloney, cherchant à le consoler.

— Oui, sans doute, si c’est quelque chose d’important, on reviendra, » murmura Robert.

Le fait est que, du moment où il avait trouvé la dépêche télégraphique à Southampton, tout espoir d’entendre parler de George avait disparu de son esprit. Il sentait qu’il y avait quelque mystère qui enveloppait la disparition de son ami, — quelque trahison envers lui-même ou envers George. Pourquoi le vieux beau-père rapace du jeune homme n’aurait-il pas essayé de les séparer en raison du dépôt d’argent placé entre les mains de Robert Audley ? ou pourquoi, puisque même en ces temps de civilisation toutes sortes d’horreurs qu’on ne soupçonnait pas sont constamment commises, — pourquoi le vieillard n’aurait-il pas fait tomber George dans un piège à Southampton, et n’en aurait-il pas fini avec lui, afin d’entrer en possession de ces vingt mille livres laissées en dépôt à Robert pour l’usage du petit Georgey ?

Mais aucune de ces suppositions n’expliquait la dépêche télégraphique, et c’était la dépêche télégraphique qui avait rempli l’esprit de Robert d’un vague sentiment d’alarme. Le facteur n’apporta pas de lettre de George Talboys, et la personne qui avait frappé à la porte de la chambre n’était pas revenue entre sept et neuf heures, aussi Robert Audley quitta-t-il Fig-Tree Court encore une fois à la recherche de son ami. Pour lors, il dit à un cocher de cab de le conduire à la station d’Euston, et au bout de vingt minutes il était sur la plate-forme du chemin de fer, prenant des informations sur les trains.