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DE LADY AUDLEY

Mais au moment où il articulait ce reproche, une étrange pointe de remords transperça son cœur.

« Cela ne ressemble pas à sa façon d’agir, dit-il ; ce n’est pas la façon d’agir de George Talboys. »

Le petit Georgey saisit les derniers mots.

« C’est mon nom, dit-il, et le nom de mon papa… le nom du gros monsieur.

— Oui, petit Georgey, et votre papa est venu la nuit dernière, et vous a embrassé pendant votre sommeil. Vous en souvenez-vous ?

— Non, dit l’enfant en secouant sa petite tête bouclée.

— Vous deviez être bien profondément endormi, petit Georgey, pour ne pas avoir aperçu votre pauvre papa. »

L’enfant ne répondit pas, mais fixant ses yeux sur le visage de Robert, il dit brusquement :

« Où est la jolie dame ?

— Quelle jolie dame ?

— La jolie dame qui avait coutume de venir autrefois, il y a longtemps.

— Il veut parler de sa pauvre maman, dit le vieillard.

— Non ! s’écria résolument l’enfant, non pas maman ; maman était toujours à crier ; je n’aimais pas maman.

— Oh ! petit Georgey !

— Non, je ne l’aimais pas et elle ne m’aimait pas. Elle était toujours à crier. Je veux parler de la jolie dame, la dame qui est si bien habillée et qui m’a donné ma montre en or.

— Il veut parler de la femme de mon vieux capitaine, une excellente créature qui a pris Georgey en grande affection et lui a donné quelques magnifiques présents.

— Où est ma montre en or ? Laissez-moi montrer au monsieur ma montre en or, s’écria Georgey.