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DE LADY AUDLEY

une expression dissimulée qui n’était pas celle de son père, et qui envahissait toute sa figure, de manière que, chacun des traits de l’enfant étant conforme à ceux de George, le jeune garçon ne lui ressemblait pas actuellement.

Le vieillard était enchanté de voir Robert Audley ; il se souvenait d’avoir eu le plaisir de le rencontrer à Ventnor, dans la triste circonstance de… Il essuya ses vieux yeux larmoyants en forme de conclusion pour sa phrase. M. Audley voulait-il entrer ? Robert avança dans le petit parloir. L’ameublement était en mauvais état et sale, et l’endroit était imprégné d’une odeur de vieux tabac et de grog. Les jouets brisés de l’enfant, les débris des pipes en terre du vieillard et des journaux déchirés et tachés d’un mélange d’eau et d’eau-de-vie, étaient épars sur le tapis malpropre. Le petit Georgey se glissa vers le visiteur en jetant sur lui des regards furtifs de ses grands yeux bruns. Robert prit l’enfant sur ses genoux et lui donna sa chaîne de montre pour jouer pendant qu’il causait avec le vieillard.

« Il est presque inutile de vous demander ce que je venais savoir de vous, dit-il ; j’avais l’espoir de trouver votre gendre ici.

— Quoi ! vous saviez qu’il était venu à Southampton ?


— Il y est venu ! s’écria Robert, éclaircissant son front ; il est ici alors ?

— Non, il n’est pas ici maintenant, mais il y a été.

— Quand ?

— La nuit dernière, il est arrivé par le train-poste.

— Et il est reparti immédiatement ?

— Il est resté un peu plus d’une heure.

— Bonté du ciel ! dit Robert, quelle inquiétude inutile m’a donnée ce garçon ! Que peut signifier tout ceci ?

— Vous ne saviez rien de ses intentions alors ?