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LE SECRET DE LADY AUDLEY

qui ne purent nous donner aucune nouvelle de mon amie. C’est dans un endroit retiré, et il y a très-peu de marchands aux environs. Sir Michaël prit des informations dans les quelques boutiques voisines ; mais, après s’être donné beaucoup de peine, il ne put rien découvrir qui nous mît sur la voie des renseignements dont nous avions besoin. Je n’ai pas d’amis à Londres et n’avais, par conséquent, pour m’assister, personne autre que mon cher et généreux époux, qui fit tout ce qui était en son pouvoir, mais en vain, pour trouver la nouvelle résidence de mon amie.

— Il était vraiment ridicule de ne pas envoyer l’adresse dans la dépêche télégraphique, dit Robert.

— Lorsqu’on est mourant, il n’est pas si aisé de penser à toutes ces choses, » murmura lady Audley en regardant d’un air de reproche M. Audley avec ses deux yeux bleus.

En dépit de la fascination de lady Audley et en dépit de l’admiration absolument inqualifiable de Robert pour elle, l’avocat ne pouvait triompher d’un vague sentiment d’inquiétude par cette paisible soirée de septembre.

Tandis qu’il était assis dans la profonde embrasure d’une croisée à meneaux, causant avec milady, son esprit errait au loin sous les ombrages de Fig-Tree Court, et il pensait au pauvre George Talboys fumant solitairement son cigare dans sa chambre avec les chiens, et les canaris.

« Je voudrais n’avoir jamais eu aucune amitié pour ce garçon, pensait-il. Je me sens comme un homme qui aurait un fils unique dont la vie serait menacée. Je voudrais que le ciel me permît de lui rendre sa femme, et de l’expédier, lui, à Ventnor, pour y finir ses jours en paix. »

Le joli gazouillement musical continuait toujours aussi gai et aussi incessant que le murmure d’un ruis-