Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
DE LADY AUDLEY

des yeux bruns et une chevelure noire, par manière de variété.

— George Talboys n’est pas un de ces hommes. Je crois que la mort de sa femme lui a brisé le cœur.

— Quel malheur ! murmura lady Audley. Il semble presque cruel à mistress Talboys d’être morte et de tant affliger son pauvre mari.

— Alicia avait raison : elle est puérile, » pensa Robert en examinant la jolie figure de sa tante.

Milady fut vraiment charmante à dîner ; elle déclara de la façon la plus séduisante son incapacité pour découper un faisan placé devant elle, et appela Robert à son secours.

« Je pouvais découper un gigot chez sir Dawson, dit-elle en riant, mais un gigot, c’est si facile, et encore j’avais coutume de refuser. »

Sir Michaël observait l’impression que faisait milady sur son neveu, avec une orgueilleuse satisfaction de sa beauté et de sa puissance de fascination.

« Je suis si enchanté de voir ma pauvre petite femme encore une fois de sa bonne humeur habituelle, dit-il. Elle a été vraiment abattue, hier, par le désappointement qu’elle a éprouvé à Londres.

— Un désappointement !

— Oui, monsieur Audley, et un très-cruel, répondit milady. Je reçus, l’autre matin, une dépêche télégraphique de ma chère vieille amie et maîtresse de pension, m’annonçant qu’elle allait mourir, et que si je voulais la voir encore, je devais me hâter de me rendre immédiatement auprès d’elle. La dépêche télégraphique ne contenait aucune adresse, et naturellement, cette circonstance même me fit penser que je la trouverais dans la maison où je l’avais laissée il y a trois ans. Sir Michaël et moi, nous nous rendons immédiatement à Londres et courons droit à l’ancienne adresse. La maison était occupée par des personnes étrangères