Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
DE LADY AUDLEY

Alicia, dit-elle avec une indignation comique. J’ai trouvé la toile de serge jetée par terre et un énorme gant d’homme sur le tapis. Voyez. »

Elle tint en l’air, en parlant, un gant épais pour monter à cheval. C’était celui de George, qu’il avait laissé tomber pendant qu’il regardait le tableau.

« J’irai au Soleil, et j’engagerai les jeunes gens à dîner, » dit sir Michaël comme il quittait le château pour aller faire sa promenade matinale autour de sa ferme.

Lady Audley volait de chambre en chambre par ce beau soleil de septembre. Tantôt s’asseyant devant son piano pour fredonner une ballade, ou la première page d’un air de bravoure italien, ou pour faire courir ses doigts rapides dans une valse brillante. Tantôt, se penchant sur une petite serre de fleurs exotiques, elle faisait l’amateur d’horticulture avec une paire de ciseaux de fée, montés en argent ciselé ; tantôt allant dans son cabinet de toilette pour parler à Phœbé Marks et faire arranger ses boucles pour la troisième ou quatrième fois ; car ces tire-bouchons se dérangeaient sans cesse, et donnaient beaucoup de tracas à la femme de chambre de lady Audley.

Milady semblait, par ce jour de septembre, dans un état d’inquiétude qui n’était pas celui d’un esprit satisfait, et elle était incapable de rester longtemps à la même place ou de s’occuper à la moindre chose.

Tandis que lady Audley cherchait à se distraire par les procédés frivoles qui lui étaient propres, les deux jeunes gens marchèrent lentement le long d’un ruisseau, jusqu’à ce qu’ils eussent atteint un coin ombragé où l’eau était profonde et calme, et dans laquelle se traînaient les longues branches des saules.

George Talboys prit la ligne pendant que Robert s’étendait tout de son long sur une couverture de voyage et équilibrait son chapeau au-dessus de son nez