Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
DE LADY AUDLEY

quatre heures, George Talboys prit sa ligne sur ses larges épaules et sortit de la maison avec son ami et compagnon.

Mais si le tempérament égal de M. Robert Audley n’avait pas été troublé par les terribles éclats du tonnerre qui avaient ébranlé l’auberge du Soleil jusque dans ses fondements, il n’en avait pas été ainsi avec la délicate sensibilité de la jeune femme de son oncle. Lady Audley avouait elle-même qu’elle avait horriblement peur des éclairs. Elle avait roulé son lit dans un coin de la chambre, et les épais rideaux hermétiquement fermés autour d’elle, elle s’était couchée la figure ensevelie dans les oreillers, frissonnant convulsivement à chaque bruit de la tempête mugissant au dehors. Sir Michaël, dont le cœur ferme n’avait jamais connu la crainte, était presque tremblant pour cette fragile créature, qu’il avait l’heureux privilège de protéger et de défendre. Milady ne voulut consentir à se déshabiller que vers trois heures du matin, lorsque le dernier roulement du tonnerre s’affaiblissait et mourait au loin dans les hautes collines. Jusqu’à cette heure elle resta avec la magnifique robe de soie avec laquelle elle avait voyagé, et dont les plis se confondaient en désordre avec ceux des couvertures, levant de temps en temps les yeux, la figure épouvantée, pour demander si l’orage finissait.

Vers quatre heures, son mari, qui avait passé la nuit à veiller à côté de son lit, la vit tomber dans un profond sommeil, dont elle ne sortit que près de cinq heures.

Elle arriva pour déjeuner dans la salle à manger à neuf heures et demi passées, en chantant une mélodie écossaise, les joues colorées d’un rose aussi tendre que la pâle nuance de la mousseline de sa robe du matin. Semblable aux oiseaux et aux fleurs, elle semblait recouvrer sa beauté et son enjouement avec le soleil