Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
DU SERPENT.

son cœur, après les cent paroles honteuses et désespérées qu’il n’a cessé longtemps de répéter.

Peut-être un semblable procès était-il nécessaire à Richard Marwood, pour en faire un homme digne et bon ; il fallait quelque chose pour réveiller son énergie endormie, quelque chose pour exciter les meilleurs sentiments d’un noble cœur, pour stimuler l’activité d’une intelligence jusqu’à présent gaspillée. Quelque chose pour le ramener au Dieu qu’il avait oublié, et pour en faire en définitive l’homme que Dieu en le créant, avait voulu qu’il fût.

La locomotive vole toujours. Fut-il jamais un horizon si découvert ? Exista-t-il jamais un si beau clair de lune ? La terre avait-elle jamais été aussi belle, et le ciel aussi brillant, depuis l’apparition de l’homme dans le monde ? Non pas pour Richard ! il est libre, libre de respirer cet air vivifiant, de marcher sur cette splendide terre ; libre de chercher pour le livrer à la justice, le meurtrier de son oncle.

Dans le silence de la nuit le train express entre avec fracas dans la gare d’Euston Square ; Richard et Gus s’élancent hors de la station et sautent dans un cab. Même Londres enfumée, et endormie sous les rayons de la lune, paraît magnifique aux yeux de Dick le Diable, tandis qu’ils traversent bruyamment les rues solitaires, en se dirigeant vers leur destination.