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LA TRACE

« Gentlemen, dit l’étranger, de la manière la plus décidée, en s’adressant à M. Darley et au boxeur, vous serez assez bons pour venir avec moi à bord de ce steamer ; je travaille avec M. Peters dans cette affaire ; rappelez-vous que je dois partir pour l’Amérique par ce vaisseau, là-bas, et que vous êtes mes amis, venus avec moi pour me voir embarquer. Allons, gentlemen. »

Il n’a pas le temps d’en dire davantage, car la cloche sonne, et les derniers traînards, ceux qui veulent jouir des derniers instants qu’ils ont à passer sur la terre ferme, grimpent à bord ; parmi ceux-ci se trouvent le boxeur, Gus et l’étranger, qui se serrent étroitement de près.

Le cercueil a été placé au milieu du bâtiment, sur le sommet d’une pile de caisses, et ses contours d’un noir funèbre se dessinent d’une manière tranchée sous le bleu clair du ciel d’automne. L’impression générale parmi les étrangers est de considérer la présence de ce cercueil comme une injure particulière. Elle est, tout au moins, peu agréable. Du moment de son apparition au milieu d’eux, un changement s’est opéré dans l’humeur de chacun des voyageurs. Ils s’efforcent d’éloigner l’objet de leur esprit, mais en vain ; il existe une horrible fascination dans la forme lugubre et déterminée, que toutes les épaisses couvertures jetées dessus, ne peuvent dissimuler. Leurs yeux se dirigent malgré eux