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LA TRACE

serait dire très-peu ; car l’expression régnait dans tous les traits de sa physionomie.

Résolution, réflexion, énergie, force de volonté et vivacité d’esprit, tout cela était écrit en lignes incontestables sur cette figure pâle et rétrécie ; ses traits étaient remarquablement réguliers et n’avaient rien de commun avec les traits ordinaires d’un enfant de son âge et de sa classe ; son petit nez était parfaitement aquilin ; sa bouche pleine de décision eût pu appartenir à un premier ministre ayant du sang des Plantagenets dans les veines ; ses yeux d’un gris-bleu, étaient petits et un peu trop rapprochés, mais le feu qui les illuminait était celui d’une intelligence merveilleuse dans un être aussi jeune.

Richard, quoique étourdi et paresseux, n’avait jamais été dépourvu du goût des choses intellectuelles, et dans les bons jours passés, il s’était occupé de l’étude de plus d’une science, et avait adopté et rejeté plus d’une vérité. Il y avait en lui du physionomiste, et un seul coup d’œil jeté sur le visage du petit garçon lui fit voir suffisamment de quoi exciter sa surprise et son intérêt.

« Ainsi, dit-il, vous êtes le nouveau petit garçon ; asseyez-vous. » Il lui montra, en parlant, un petit escabeau de bois près du lit.

« Asseyez-vous, et habituez-vous au logis. »

L’enfant obéit, et s’assit sans hésiter à côté de