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DU SERPENT.

heur futur. Il retournera en France et sera placé sous la garde de mon oncle. »

Il y a quelques minutes de silence ; Laurent Blurosset semble perdu dans ses pensées ; Valérie reste assise, ayant ses yeux caves et brillants fixés sur la flamme vacillante du feu mourant. Blurosset est le premier qui reprend la parole.

« Vous dites, madame, que si je ne veux pas être livré à la justice, comme complice d’un meurtre, je ne dois pas vous permettre de quitter cette chambre, mais que je dois vous sacrifier ma sûreté. Rien de plus facile, madame, je n’ai qu’à lever la main, à agiter un mouchoir préparé à la manière de ceux employés autrefois par les Borgia et les Médicis devant votre visage ; je n’ai qu’à répandre quelques grains de poudre dans le feu à vos pieds ; vous donner un livre à lire ou une fleur à sentir, et vous ne quitterez pas vivante cette chambre. Et c’est ce que je ferais… si j’étais ce que vous dites que je suis, le complice d’un meurtrier.

— Comment, monsieur ! vous n’avez pris aucune part au meurtre de mon époux ? vous qui me donnâtes la substance qui l’a tué ?…

— Vous êtes précipitée dans vos conclusions, madame. Comment savez-vous que la substance que je vous donnai causa la mort de Gaston de Lancy ?

— Oh ! par pitié ! ne jouez pas avec moi, monsieur. Expliquez-vous, que voulez-vous dire ?…