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DU SERPENT.

voire qui sont dans leurs mains et par la consommation, en partage égal, du punch au whisky.

« Voyons, Gus, dit M. Cordonner tout à coup, s’arrêtant au milieu de l’inglutition de sa boisson favorite, au risque de s’étrangler, ayant sur le visage une inquiétude aussi vive que ses paisibles traits étaient capables de la montrer : voyons, ce verre-là n’est pas celui qui vous sert dans l’exercice de votre profession, n’est-ce pas ?

— Comment ! mais c’est lui-même, certainement, dit son ami. Nous ne l’avons que depuis la moitié de l’été. Il ne convient pas aux malades parce qu’il est ébréché, mais je leur dis toujours, qu’après avoir eu une dent arrachée, — de la façon particulière dont je les arrache, — ajoute-t-il entre parenthèse, avec tout un arsenal de lancettes, forceps et clefs, pour dix-huit pence, ils n’ont pas le droit de se plaindre pour avoir à expectorer dans un verre fêlé. »

M. Cordonner devient pâle.

« Ils font cela ? dit-il, et résolûment il lance sa dernière gorgée du délicieux breuvage par-dessus la tête de la donzelle agenouillée, avec une telle précision qu’il ne fait qu’effleurer ses papillotes. Ce n’est pas gentil de votre part, Gus, dit-il avec un doux reproche, de traiter ainsi un ami.

— Tout va bien, mon vieux, dit Gus en riant. Sarah Jane le lave, vous voyez. Vous nettoyez le verre et les ustensiles, n’est-ce pas, Sarah Jane ?