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LA TRACE

pas changé, et il n’avait pas été un instant bouleversé, jusqu’au moment où Jinks, comme un maladroit, lui parla de l’assassinat de son oncle, ce qui le fit devenir aussi blanc que ce plâtre de Bon-à-part. »

M. Peters, à défaut d’une meilleure comparaison, tourne les yeux dans la direction d’un buste du vainqueur de Marengo qui, enfumé de tabac et orné d’une paire de moustaches faites avec un bouchon brûlé, n’était en aucune façon l’objet le plus blanc des choses créées.

« Voici, maintenant, à quoi sert un agent, s’il est digne de manger le pain qu’il gagne. Quand il voit deux indices d’un côté et deux de l’autre, il peut les réunir ; quoiqu’ils puissent paraître éloignés d’un mille les uns des autres à tout individu non initié au métier, et en faire une somme de quatre. Ainsi, pensais-je, le gentleman n’a pas été déconcerté quand on l’a arrêté, mais il a été bouleversé quand il a appris que son oncle avait été assassiné ; à présent, s’il a commis cet assassinat, il en a connaissance, et il peut jouer la surprise, mais je ne serais pas surpris, que ce gentleman fût surpris d’une stupeur aussi réelle que — l’imagination de M. Peters eut de nouveau recours au buste de Napoléon — que celle qu’éprouva ce personnage étranger, quand il vit sa vieille garde décimée à la bataille de Waterloo.