Elle essaye en parlant d’imiter l’indifférence de manières de son interlocuteur, mais elle est complètement subjuguée et terrassée ; elle attend qu’il continue comme la victime attend le bon plaisir du bourreau, et cela sans la moindre idée d’opposition.
« J’ai donc, mademoiselle, très-peu de choses à ajouter, c’est de réclamer ma récompense. Cette récompense, c’est votre main. »
Il dit ces mots comme s’il n’avait jamais imaginé un seul instant la possibilité d’un refus.
« Êtes-vous fou, monsieur ? »
Elle a, depuis quelques instants, prévu cette gradation et elle comprend qu’elle est tout à fait impuissante entre les mains de cet infâme scélérat. Son infamie cependant, elle ne la connaît pas encore.
« Voyons, mademoiselle, rappelez vos souvenirs : un homme a été empoisonné. Il est assez facile de faire naître les soupçons, toujours disposés à se mettre en jeu, et beaucoup plus prêts à se mettre à l’œuvre. Il est assez facile de prouver un certain mariage secret ; une certaine visite à minuit chez ce fameux et pas très-respecté chimiste, M. Blurosset ; il est facile de produire le bon signé par Mlle de Cévennes. Et ces preuves n’entraîneront-elles pas avec elles la conviction que je suis l’heureux possesseur d’un verre portant le blason de