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LA TRACE

« Pauvre jeune homme, vingt-sept ans seulement, si beau et si merveilleusement doué. »

— Bonté du ciel ! dit M. Rinval en fermant la portière [de la voiture. Quelle horrible chose !… De Lancy est mort. »

Valérie ne pousse aucune exclamation à cette nouvelle. Elle regarde fixement en dehors de la portière opposée ; elle est occupée à compter les réverbères dans les rues, en traversant le brouillard de la nuit.

« Vingt-sept ans seulement ! dit-elle, que vingt-sept ans ! »

Il aurait pu vivre jusqu’à trente-sept, quarante-sept, cinquante-sept ans ; mais il avait méprisé son amour, il avait foulé aux pieds les plus purs sentiments de son cœur, et voilà pourquoi il n’a vécu que vingt-sept ans : merveilleusement doué et merveilleusement beau, et seulement vingt-sept ans !

« Pour l’amour du ciel, ouvrez les portières et faites arrêter la voiture, Rinval, s’écrie le marquis je suis sûr que ma nièce est malade. »

Elle éclata d’un long rire sonore.

« Mon cher oncle, vous êtes complètement dans l’erreur ; je ne me suis jamais mieux portée de ma vie. Mais on dirait que la mort de ce ténor a rendu tout le monde fou. »

Ils arrivèrent rapidement à l’hôtel, et la transportèrent dans l’intérieur de la maison. Sa femme de