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DU SERPENT.

CHAPITRE VII.

LE DERNIER ACTE DE LUCRÈCE BORGIA.

Deux heures après cette entrevue dans le pavillon, Raymond de Marolles est assis à son ancienne place, au premier rang des stalles. Plusieurs fois, pendant le prologue et le premier acte de l’opéra, sa lorgnette se dirige sur la loge voisine de celle du roi ; mais à chaque fois, il la trouve vide. Enfin après la chute du rideau sur le finale du premier acte, il lève encore sa lorgnette, et voit entrer Valérie s’appuyant sur le bras de son oncle. Sa beauté brune n’a rien perdu par sa mortelle pâleur, et ses yeux ont ce soir un éclat que ses nombreux admirateurs, qui connaissent si peu et sont si peu soucieux de connaître les secrets de son âme fière, trouvent vraiment magnifique. Elle porte une robe de velours vert foncé avec une parure en petits diamants, qui tremblent et renvoient les brillantes étincelles d’un arc-en-ciel lumineux. Cette robe sombre, sa pâleur de mort et le feu étrange de ses yeux donnent à sa beauté, ce soir, quelque