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LA TRACE

tant de bruit. Ce n’est pas un garçon de mauvaise mine ; il est exactement de la même taille que M. de Lancy, et il peut rendre ses manières, sa voix et sa démarche si complètement, que…

— Dans une pièce obscure, on pourrait distinguer à peine l’un de l’autre, n’est-ce pas ?

— Précisément, monsieur.

— Je suis excessivement curieux de ces sortes de gens, et serais désireux de voir cet individu, si… »

Il hésite, en faisant sonner quelques pièces d’argent dans sa poche.

« Mais, monsieur, dit le concierge, rien de plus facile ; ce Moucée est toujours ici à cette heure. Les chœurs répètent pendant que les premiers artistes font la digestion de leurs déjeuners. Nous le trouverons ou sur le théâtre, ou dans une des loges en train de jouer aux dominos. Par ici, monsieur. »

Raymond de Marolles suit le concierge au travers de sombres passages qui descendent, et une série innombrable de marches qui montent, jusqu’à ce qu’enfin arrivé à une certaine hauteur, il s’arrête devant une porte basse, qui les sépare évidemment d’une société bruyante. Le portier ouvre cette porte sans cérémonie, et ils pénètrent dans une salle basse, aux murs nus peints à la chaux, et barbouillés de caricatures au charbon de prima-donnas et de ténors, avec des nez impossibles, et des jambes en fuseaux. Devant une table de sapin est assis un