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DU SERPENT.

d’utiles renseignements sur les engagements des principales danseuses, sur les bouquets et sur les bracelets de diamants qu’on leur jette, sur les regards et les faveurs que ces présents rapportent et sur divers autres faits intéressants. Bientôt Monsieur, qui a écouté tous ces détails, quoique l’intéressant faiblement, prend la parole, d’un air gracieux :

« Auriez-vous par hasard, parmi vos surnuméraires, vos choristes ou vos gens de position insignifiante, un de ces individus que l’on rencontre si généralement dans un théâtre et qui font des imitations ?

— Ah ! dit le portier en riant à gorge déployée, je vois que Monsieur sait ce que c’est qu’un théâtre. Nous avons assurément deux ou trois de ces gens, mais un supérieur à tous, un chanteur des chœurs, un individu remarquable, qui possède un talent d’imitation à confondre la nature elle-même ; un gaillard adonné à la boisson, qui aurait pu remplir les premiers rôles et se faire une réputation ; un camarade qui n’a pour passions que les dominos et le vin bleu, mais un imitateur surprenant.

— Ah ! et il imite probablement tous les grands artistes, votre prima donna, votre basse, votre ténor ? hasarde M. Raymond de Marolles.

— Oui, monsieur. Il faut l’entendre imiter le nouveau ténor, M. Gaston de Lancy, qui a fait