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LA TRACE

nière vague et confuse : elle a vu quelqu’un lui ressemblant, mais où ?… quand ?… elle ne peut s’en souvenir.

« Vous êtes surprise, madame, de me voir ? dit-il, car il sent qu’il doit commencer l’attaque et qu’il ne doit épargner aucun coup, car il a à lutter avec un adversaire qui peut parer ses bottes et qui peut lui en porter. Vous êtes surprise ; vous commandez admirablement à vous-même, en réprimant toute démonstration d’étonnement ; mais vous n’êtes pas moins surprise.

— Je suis certainement surprise, monsieur, de recevoir une visite quelconque à pareille heure, dit-elle avec un calme parfait.

— À peine, madame. »

Il regarde la pendule.

« Car, dans cinq minutes, votre mari sera ou pourrait être ici. »

Ses lèvres se contractent et sa bouche se roidit en dépit d’elle-même. Son secret est donc connu, connu de cet étranger qui ose s’installer chez elle par la force de cette connaissance.

« Monsieur, dit-elle, on insulte rarement Valérie de Cévennes avec impunité ; vous aurez des nouvelles de mon oncle demain matin ; quant à ce soir… »

Elle pose sa main sur la nacre de perle de la poignée d’une sonnette, il l’arrête et lui dit en souriant :