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DU SERPENT.

En disant ces mots, Mlle Finette laisse échapper de ses yeux noirs une petite perle humide, très-convenable pour figurer une larme, mais qui arrivant en contact immédiat avec un composé blanc visqueux, appelé poudre de perles, employé par la femme de chambre pour rehausser ses charmes personnels, prend l’apparence d’une pilule digestive plutôt que de toute autre chose.

« Mais, d’un autre côté, je puis ne pas user de ce pouvoir, et vraiment, je regretterais d’en venir à la pénible nécessité d’être assez peu galant pour faire du tort à une jeune fille. »

Mlle Finette, encouragée par ces paroles, essuie la pilule digestive.

« En conséquence, mademoiselle, le cas se réduit à ceci : Servez-moi et je vous récompenserai ; refusez d’agir ainsi et je puis vous faire tort. »

Un éclair glacial dans ses yeux bleus convertit ces mots en menace sans le secours d’une énergie particulière dans la voix.

« Monsieur n’a qu’à commander, répond la femme de chambre, je suis prête à le servir.

— Ce Robert le Diable viendra ce soir à la porte du petit pavillon ?

— À minuit un quart.

— Alors, je serai là, à onze heures et demie. Vous m’introduirez à sa place, voilà tout.

— Mais ma maîtresse, monsieur, elle saura que