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DU SERPENT.

rivera jamais maintenant, connaissant mieux mes devoirs envers mes semblables, je crois, de façon ou d’autre, que cette soirée se représenterait à mon esprit, et que j’entendrais le chant de ces oiseaux et verrais ce coucher de soleil, de sorte qu’il me serait impossible, de toute manière, de commettre un crime. »

M. Peters hocha la tête d’un air de doute : c’était un être bienveillant et philanthrope, mais il ne voulait pas que sa profession fût décriée ; et le meurtre était chose inséparable de son esprit, comme le pain l’est du fromage.

« Et savez-vous, continua Kuppins, qu’il me semble tout à fait difficile de croire que, dans ce monde si magnifique et si calme, il puisse se trouver un être assez misérable pour jeter une ombre sur la paix dont ce monde jouit. »

Comme Kuppins disait ces mots, M. Peters et elle furent surpris par la vue d’une ombre entre eux et le soleil couchant, l’ombre en travers de la route étroite figurait la silhouette d’un homme endormi reposant sur un tertre à une petite distance devant eux. Il n’y avait, certainement, rien qui pût effrayer beaucoup la plus timide personne, dans la vue d’un homme endormi, par une soirée d’été, sur la bruyère et les fleurs sauvages, mais quelque chose dans l’apparence de cet homme effraya Kuppins, qui se serra plus près de M. Peters, et elle saisit