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LA TRACE

Et la jeune fille, s’avançant doucement près du lit, se pencha et écouta la respiration du malade, qui était faible, mais régulière.

« Il semble très-profondément endormi, grand-mère ; a-t-il dormi tout le temps ?

— Depuis quand, chérie ?

— Depuis que je suis partie. Où est le docteur ?

— Parti. Oh mon garçon bien-aimé, penser qu’il en viendrait là ! et sa mère était mon unique enfant ! Oh mon-chéri ! mon chéri ! »

Et la vieille femme fondit en larmes, étouffant ses sanglots à l’aide de la tasse à thé.

« Mais il est mieux, grand-mère ; peut-être en réchappera-t-il maintenant. J’ai toujours dit qu’il s’en sauverait. Oh, je suis si heureuse, si heureuse ! »

Et elle s’assit avec ses vêtements trempés, auxquels elle ne pensa pas un instant, sur un petit tabouret à côté du lit. Bientôt le malade se retourna et ouvrit les yeux.

« Vous avez été longtemps absente, fillette, » dit-il.

Quelque chose dans sa voix, ou dans sa façon de parler, elle ne savait quoi, la fit tressaillir ; mais elle entoura son cou de ses bras et dit :

« Jim, mon Jim bien-aimé, le danger est passé. Le gouffre noir dont vous aperceviez le fond est fermé, et des années nombreuses de bonheur vont