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LA TRACE

voyons ici, et qui brille toujours. Il y a des gens qui connaissent tout ce qui en est, Jim.

— Pourquoi alors ne pas nous l’avoir dit ? répondit le malade, ayant une expression irritée dans ses yeux caves. Ceux qui sont instruits auraient dû nous enseigner toutes ces choses, mais je suppose qu’ils ne nous ont pas jugés dignes de les apprendre. Combien de gens me regretteront, fillette, quand je serai parti ? Ce ne sera pas ma grand’mère ; son cerveau est fêlé avec l’idée de son secret d’or, comme si elle ne l’eût pas vendu depuis longtemps, si elle avait eu un secret, vendu pour avoir du pain ou plus vraisemblablement encore pour avoir du gin. Pas une âme dans Peter l’aveugle, ils ont assez à faire de songer au morceau de pain à se procurer, ou à l’abri qui doit protéger leurs misérables têtes, excepté vous, fillette, pas une âme ne me regrettera, et je pense que vous me regretterez, vous. »

Il pensait qu’elle le regretterait. Qu’avait donc été l’histoire de sa vie à elle, si ce n’est une longue pensée d’amour et de soins pour lui, une existence qui n’avait eu d’autres joies et d’autres douleurs que les siennes ?

Durant leur conversation, Jabez entra et s’asseyant sur un tabouret bas à côté du lit, il adressa la parole au malade.

« Ainsi donc, dit Jim, en le regardant en pleine figure d’un air curieux, ainsi donc, vous êtes mon