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LA FEMME DU DOCTEUR.

rapprocha de la porte de chêne massif à l’autre extrémité de la galerie — barrière pesante qui la séparait de Roland. Elle n’osa pas frapper à cette porte dans la crainte de l’éveiller. Quelqu’un ne pouvait manquer de venir bientôt dans cette galerie, — Raymond ou Gwendoline, ou la garde, — quelqu’un qui pourrait lui dire d’espérer et d’être calme.

Elle se rapprocha de cette porte, et, tout à coup, elle vit que celle de la chambre voisine était entrouverte. De cette chambre s’échappait un sourd murmure de voix ; et Isabel se rappela aussitôt qu’un appartement communiquait avec celle où reposait Roland, — une vaste chambre, d’aspect très-gai, avec une grande cheminée de chêne, au-dessus de laquelle il y avait une panoplie d’armes à feu et le portrait d’un cheval.

Elle pénétra dans cette chambre, elle était vide, et le murmure des voix sortait de la pièce voisine. La porte de communication était ouverte, et au bruit des voix se joignait autre chose. Il y avait le bruit de sanglots convulsifs, très-sourds, mais très-douloureux à entendre. Elle ne pouvait voir le malade car il y avait un petit groupe devant son lit, un groupe de personnes penchées vers le lit qui faisait obstacle à la vue. Elle aperçut Gwendoline agenouillée au pied du lit, le visage caché dans le couvre-pieds de soie, et les bras jetés sur le lit ; mais un instant après, Raymond aperçut Isabel et s’approcha d’elle. Il ferma doucement la porte derrière lui et cacha ainsi le groupe qui entourait le malade. Elle allait l’interroger ; mais il leva la main avec un geste solennel.

— Venez, mon enfant, — dit-il doucement, — venez avec moi, Isabel.