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LA FEMME DU DOCTEUR

sible pour leur fermer la bouche. Ma vie n’a jamais été bien bruyante ; faites en sorte que ma mort ne fasse pas d’esclandre.

Raymond ne trouvait rien à répliquer à de tels arguments. Mais le chagrin qu’il éprouvait de la perte du jeune homme qu’il aimait était rendu doublement amer par le mystère qui entourait le sort de Roland. Les médecins lui dirent que les blessures de Lansdell ne pouvaient avoir été causées que par des coups d’une violence extrême portés par quelque instrument contondant. Raymond se creusa en vain la tête pour imaginer comment et par qui le jeune homme avait pu être frappé. Il n’avait pas été volé, car sa montre et sa chaîne, ainsi que ses bagues et quelques petits joyaux de prix pendus à sa chaîne avaient été retrouvés sur lui quand on l’avait ramené au château. Que Roland pût avoir un ennemi de par le monde n’entra pas un instant dans les réflexions de son parent. Raymond ne se rappelait aucunement cette petite anecdote contée si légèrement dans le jardin ; il manquait absolument d’indices au sujet de la catastrophe ; et il s’aperçut, à n’en pas douter, que la résolution de Roland était inébranlable. Il y avait dans le refus de Lansdell une détermination tranquille qui ne laissait pas d’espoir qu’il pût être amené à changer sa manière de voir. Il parla avec une franchise apparente du résultat de sa visite au Ravin de Nessborough. Il y avait trouvé Isabel, disait-il, avec un homme qui lui était parent, — un parent pauvre qui était venu à Graybridge pour lui extorquer de l’argent. Il avait vu l’homme et lui avait parlé, et il était parfaitement convaincu qu’il lui avait dit la vérité.