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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Cette question pouvait être résolue par quelqu’un, et Valentin était tristement embarrassé pour décider qui pouvait être ce quelqu’un.

Le jeune écrivain, dans le fort de la lutte, n’avait que peu d’amis : il avait travaillé avec une trop rude persévérance pour trouver la possibilité de se créer des amitiés.

La société des muses sérieuses est rarement compatible avec un cercle étendu de connaissances, et si Valentin ne pouvait passer pour un homme voué à la culture de ces muses sérieuses, du moins avait-il été un rude et honnête travailleur pendant cette dernière période de sa vie.

Ses amitiés des époques antérieures avaient été des amitiés de chemins de fer, d’estaminets, de cafés, et de salons de jeu.

Il pouvait compter sur ses doigts les personnes auxquelles il pouvait s’adresser dans cette crise sérieuse de la vie : il y avait George, un homme pour lequel il avait le plus profond mépris ; Paget qui pouvait ou ne pouvait pas lui donner un bon conseil, mais qui aurait infailliblement sacrifié Charlotte à son intérêt personnel, s’il pouvait avoir intérêt à recommander un médecin insuffisant.

« Il m’enverra auprès de quelque idiot du genre de Doddleson, s’il pense pouvoir gagner une guinée pour son dîner en me le recommandant, » se dit Valentin.

Il décida qu’il ne s’adresserait pas à Paget.

Il y avait ses patrons, les éditeurs et propriétaires des magazines pour lesquelles il travaillait, des hommes affairés, surchargés d’occupations, et passant les plus belles années de leur vie entre une pile de lettres auxquelles il fallait répondre et leur corbeille aux papiers