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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

porté coup ; le tableau de Brown était l’œuvre dont on parlait cette année ; et Charlotte devrait voir le tableau acclamé et la pièce tombée quand elle reviendrait à Londres.

Pendant une heure les amoureux restèrent à causer ensemble dans le petit salon de la ferme, ayant devant eux la mer et les fleurs du jardin, pendant qu’une alouette faisait entendre son chant en s’élevant dans le ciel calme et bleu.

La voix de Charlotte avait quelque chose de languissant, malgré le bonheur parfait qu’elle éprouvait à être ainsi assise, ayant auprès d’elle celui qu’elle aimait ; mais l’entrain de Valentin ne se démentait pas un instant, et, quand Mme Sheldon lui donnait à entendre qu’une trop longue conversation pouvait fatiguer la malade, il quittait le salon le sourire sur les lèvres et en promettant à sa fiancée de revenir après une promenade d’une heure.

Sa promenade ne le conduisait pas loin. Il allait tout droit à un petit kiosque construit dans le lieu le plus écarté du jardin, et Diana l’y suivait.

Elle avait appris à comprendre le langage de sa physionomie au temps de leur ancienne camaraderie, et elle avait surpris un regard au moment où il quittait le salon, qui lui disait la lutte intérieure qu’il soutenait et ce qu’il lui en coûtait de paraître aussi gai.

« Il ne faut pas vous laisser abattre, Valentin, » dit-elle, quand ils furent assis dans le petit kiosque, ou il s’était assis avec découragement, les coudes appuyés sur la table rustique.

Il ne répondit rien.

« Vous ne la trouvez pas plus mal… beaucoup plus mal, Valentin ?