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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

détermination de Gustave m’a rendue heureuse. Je me considérais comme une créature vile et ingrate, quand je songeais que j’étais appelée à partager une richesse qui devait vous appartenir. Mais je dois à ceci d’avoir mieux connu l’esprit de justice qui anime mon mari. Et maintenant, chère amie, tout s’arrangera de la façon la plus simple. Gustave ira à Londres pour s’entendre avec ses hommes de lois et faire dresser les actes qui régleront tout.

« Nous avons fait de charmantes excursions en voitures, etc., etc., etc. »

Là, la jeune épouse passait à la description des plaisirs de sa lune de miel.

Valentin vint apporter lui-même la réponse à cette lettre. Il vint à Brighton pour remercier ses amis de leur généreux désir d’enrichir sa femme, mais pour refuser, en son nom, toute part dans l’héritage Haygarth.

Ce fut en vain que Gustave et Diana combattirent cette résolution, Valentin resta inébranlable.

« Croyez-moi, il vaut mieux qu’il en soit ainsi, dit-il. Charlotte et moi nous sommes arrivés à cette conviction après de mûres réflexions. Nous sommes jeunes tous deux et le monde est ouvert devant nous. Il y a beaucoup de choses dans le passé que je dois racheter, Diana le sait bien. Il vaut mieux que je soutienne la lutte de la vie sans assistance et que je sorte des rangs par mon seul mérite, comme un bon soldat. S’il nous arrivait jamais d’avoir besoin de secours, vous pouvez être sûr que c’est à vous que je m’adresserais. Et puis, si la Providence nous donne des enfants pour lesquels nous aurons à travailler, je ne refuse pas le bien que