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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

côté, c’est tout ce qui m’a rappelé la vie d’intérieur, depuis que j’ai quitté Beaubocage, cette modeste demeure qu’habitaient deux anges de bonté, ma tante et ma grand’mère. »

Dans l’une de ces longues et agréables excursions à l’un de ces villages éloignés bâtis sur le penchant de la montagne, le mari et la femme eurent une conversation sérieuse au sujet de la position dans laquelle se trouvait Lenoble, à l’égard de la succession Haygarth.

Le résultat de cette conversation sera révélé par une lettre que Charlotte reçut le lendemain de son amie, Diana.

« Hôtel d’Albion.
« Brighton.
« Ma toujours chère Charlotte,

« Gustave et moi nous avons discuté l’affaire de la succession Haygarth, avec une grande satisfaction, dès que nous eûmes reconnu que nous étions animés du même esprit à ce sujet. Nous sommes tombés d’accord sur ce point, que comme il est déjà possesseur d’une fortune suffisante et n’a jamais compté sur celle qui pouvait lui venir de ses ancêtres dans la ligne maternelle, il n’est que justice de partager cette fortune inespérée avec sa chère cousine, à laquelle il reconnaît des droits égaux aux siens, le simple droit de priorité de naissance ne pouvant établir qu’une différence légale mais non morale dans le lien de parenté avec le Révérend John Haygarth. Comprenez-vous, ma chérie, vous avez la moitié de cette succession. Mon mari ne se dressera pas entre vous et cette bonne fortune. Je ne saurais vous dire combien cette