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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

la succession Haygarth n’était qu’une éventualité éloignée, incertaine et nébuleuse, qui ne pouvait guère tenter un assassin, tandis qu’une assurance sur la vie offrait la perspective d’un profit immédiat.

Le seul chaînon qui manquât pour compléter la chaîne de preuves contre Sheldon était trouvé, il n’y avait plus à chercher la raison qui l’avait poussé au crime.

« Cet homme connaît une assurance faite sur sa vie, pensa Valentin, il se peut qu’il y en ait eu plus d’une. »

Après un court silence, pendant lequel Valentin était resté absorbé dans ses réflexions, l’homme de loi procéda à la discussion des dispositions à prendre par acte postérieur au mariage pour sauvegarder les intérêts de sa cliente.

Dans le cours de cette discussion, Valentin expliqua la position dans laquelle il se trouvait placé à l’égard de George Sheldon, et fit connaître la prétention de celui-ci sur l’héritage.

M. Greenwood fut complètement abasourdi en entendant Haukehurst s’expliquer sur ce sujet.

« Et vous dites que cet homme réclame la moitié nette de l’héritage, c’est-à-dire cinquante mille livres, comme rémunération de son insignifiante découverte ?

— Telle est la demande qu’il a faite et à laquelle je suis engagé à ne pas m’opposer. Il est certain qu’il a des prétentions bien grandes, mais il faut cependant reconnaître que sans la découverte qu’il a faite, ma femme et les parents de ma femme seraient probablement descendus au tombeau dans l’ignorance de leurs droits sur cette succession.

— Je vous demande pardon, monsieur Haukehurst : si M. George Sheldon n’avait pas fait cette découverte, elle eût été faite par quelque autre, soyez-en persuadé.