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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Quant à l’horrible secret, récemment révélé par M. Burkham, il n’en avait été rien dit à Mme Sheldon. Rien de bon ne pouvait résulter d’une semblable révélation. La loi criminelle a des statuts limitant son action qui, pour ne pas être écrits, n’en existent pas moins. Un crime dont la preuve eût été difficile à faire à l’époque de sa perpétration, après un laps de douze années échappait à la justice. Trois personnes venant déclarer qu’à l’époque de la mort de Halliday elles avaient soupçonné Sheldon de l’avoir empoisonné ne prouveraient rien qui fût de nature à faire impression sur un jury, qui ne verrait dans ces témoins que des diffamateurs animés de méchantes intentions. Plus le crime est grand, plus grandes sont les chances de l’accusé, et un moindre coupable sera condamné pour avoir volé dans une poche sur des preuves plus légères que celles qui seraient jugées suffisantes pour déclarer un homme coupable d’avoir fait sauter le Parlement.


CHAPITRE II

APRÈS LE MARIAGE

La façon dont Sheldon allait se conduire était un grand sujet de frayeur pour sa femme ; elle avait une vague idée qu’il viendrait la chercher dans son agréable demeure et qu’il insisterait pour qu’elle partageât son triste sort futur.

« Si je pouvais obtenir un divorce, disait-elle triste-