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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il avait vu la mort en face, et jamais dans l’avenir, jamais aux plus belles heures de son bonheur, il ne pourrait oublier le péril auquel il avait été exposé et qui pouvait renaître encore.

Il avait appris à comprendre qu’il ne la possédait pas à titre de don, mais à titre de prêt, qu’elle était un trésor qui, à tout moment, pouvait lui être réclamé par le Dieu qui le lui avait prêté.

La sombre vallée était traversée et Valentin était debout auprès de sa bien-aimée, sur le haut de la montagne éclairé par les rayons du soleil.

Les docteurs avaient déclaré leur malade sauvée ; l’heure du danger avait passé et le mal produit par l’empoisonneur avait été victorieusement combattu par la science médicale.

« Dans six semaines vous pourrez faire voyager votre femme pendant votre lune de miel, monsieur Haukehurst, elle sera complètement rétablie, dit le docteur Jedd.

— Que parlez-vous d’un voyage pendant leur lune de miel ! s’écria Gustave qui, sur la demande de Diana, s’était mis à la disposition de Valentin. Haukehurst et sa femme viendront passer leur lune de miel à Cotenoir, n’est-ce pas, Diana ? »

Diana répondit que cela serait et cela devait en être ainsi.

Il était impossible d’imaginer une réunion d’êtres plus heureux que ceux qui se trouvaient tous les jours ensemble dans l’agréable résidence où Georgy, Diana et Charlotte avaient été installées avec amour et dévouement par Valentin et Gustave.

Haukehurst avait choisi les appartements et Lenoble avait passé toute la journée qui avait précédé celle du