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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

qui concernait son intérêt. Où allait-il aller ? Pendant quelque temps cette question resta insoluble pour lui. Dans toutes les parties du globe, le champ est ouvert au soldat de fortune. Quelque plan germerait dans sa tête à l’occasion.

L’abandon de sa femme le laissait complètement indépendant. Aucun lien n’enchaînait ses mouvements ; rien à craindre, sauf les mesures que pourraient prendre contre lui les porteurs des faux billets, et les procédures sont lentes, tandis que la locomotion moderne est prompte.

Qu’allait-il quitter ?

La réponse était facile : un dédale de dettes et d’embarras ; sa belle maison, et le beau mobilier qui la garnissait étaient tenus dans la même servitude légale que l’était autrefois son mobilier de Fitzgeorge Street. Il avait signé un ordre de vendre tout ce qui lui appartenait, quelques mois auparavant, pour obtenir de l’argent comptant.

Cette ressource extrême n’avait pas été employée plus utilement que tous les autres moyens qu’il avait déjà épuisés.

Il n’avait rien à perdre à sa fuite, et c’était un fait dont il lui était facile de s’assurer.

Il descendit au rez-de-chaussée et sonna la servante.

« Je pars, dit-il, pour rejoindre ma femme et ma fille et retourner avec elles au bord de là mer. Il y a un porte-manteau tout prêt dans ma chambre. Vous le donnerez au commissionnaire que j’enverrai dans un jour ou deux. À quelle heure Mme Sheldon et Mlle Halliday sont-elles parties ce matin ?

— À huit heures, monsieur. M. Haukehurst est venu les chercher dans une voiture. Elles sont sorties par la