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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— En vérité ! » s’écria l’escompteur paraissant fort impressionné.

Jusqu’alors il avait vécu dans l’ignorance la plus absolue que Sheldon eût une belle-fille, mais l’expression de chagrin qui se peignit sur son visage aurait donné à penser qu’il avait connu et estimé cette femme.

« Oui, c’est fort triste, dit Sheldon, et plus que triste pour moi. La pauvre fille avait de grandes espérances et elle était appelée à recueillir une immense fortune, si elle eût vécu une année ou deux de plus.

— Ah ! mon Dieu ! que c’est malheureux ! Pauvre jeune femme !

— Jedd et Doddleson, que certainement vous connaissez tous deux de réputation, lui donnaient leurs soins depuis six semaines. J’ai eu à supporter des dépenses sans fin, et tout cela inutilement.

— La consomption, je suppose.

— Eh bien ! non, ce n’était pas une maladie de poitrine, c’était une sorte d’atrophie… je ne sais guère de quel nom appeler sa maladie. Maintenant, écoutez-moi, Kaye, cette maladie a mis de l’embarras dans mes affaires ; concordant avec la baisse qui pèse sur le marché, elle a jeté la perturbation dans l’équilibre de mes finances. Je suis resté à la maison veillant cette pauvre fille et ma femme qui naturellement est effroyablement bouleversée, et tout cela quand j’aurais eu besoin d’être dans la Cité. Heureusement pour moi et pour ma femme, dans les intérêts de laquelle j’ai agi, j’ai pris la précaution de faire assurer la vie de la jeune fille, il y a huit ou neuf mois ; en fait, immédiatement après avoir découvert qu’elle avait droit à recueillir une grande fortune. La police est pour cinq mille livres, j’ai besoin que vous me donniez immédiatement quatre