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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Que le docteur Jedd pût avoir une opinion faite sur l’état de Mlle Halliday, c’était une chose ; mais cette opinion, la proclamerait-il publiquement ? c’était autre chose.

« Que m’importe son opinion ? se demandait Sheldon, une opinion ne peut rien dans une affaire où il faut une certitude. Il a vu la dilatation de la pupille ; mais ce vieil idiot de Doddleson lui-même l’a vue et il en a été effrayé. Mais il n’y a pas de jury en Angleterre qui voudrait faire pendre un homme sur une preuve comme celle-là ; ou si l’on trouvait un jury pour attacher la corde au cou d’un homme en pareille circonstance, le public anglais, la presse anglaise feraient décrocher la corde.

— Ether… ammoniaque… Hum !… hum !… Oui, murmura le docteur Jedd, en regardant une ordonnance. Quinine… oui… eau distillée… » murmura-t-il en regardant une autre ordonnance.

Il la mit de côté avec un air de mépris, puis il prit une plume et écrivit.

« Mon mode de traitement sera tout différent de celui adopté par le docteur Doddleson, dit-il, mais je ne redoute pas la moindre difficulté à amener mon confrère à partager ma manière de voir sur ce cas. »

Pendant qu’il écrivait son ordonnance, Sheldon regardait par-dessus son épaule.

La nature de l’ordonnance lui apprit que le docteur Jedd savait tout. Il l’avait deviné tout d’abord, et la confirmation de ses soupçons ne le troubla pas. Il était devenu plus ferme au contraire, car maintenant il connaissait sa position et les forces qui se mettaient en ligne contre lui.

« Je ne comprends réellement pas la base de votre