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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

pour se trouver seul dans le cabinet de son frère, et être seul dans le cabinet de Philippe était le premier point à gagner pour arriver au but que George se proposait.

Le cabinet était dans un ordre parfait, aussi bien meublé qu’il était possible, et se renfermant dans les limites que comporte un cabinet d’affaires un grand bureau d’acajou à cylindre, contenant un nombre considérable de tiroirs avec des serrures à secret, occupait le centre de la pièce ; quatre lourdes chaises d’acajou à dos rembourré, couvertes en maroquin rouge, étaient méthodiquement rangées contre les murailles ; sur la tablette de la cheminée une pendule au-dessus de laquelle était accroché un almanach de l’aspect le plus sévère, de chaque côté duquel pendaient des notes et des cotes journalières à l’usage des gens de Bourse.

Avant de pénétrer dans ce sanctuaire sacré, George avait passé un peu de temps dans une agréable conversation avec un jeune homme qui bâillait en lisant le Times, dans un premier bureau, moins richement meublé que le cabinet du patron.

Ce jeune homme était le commis de Sheldon, le plus jeune fils d’un riche fermier du comté d’York, qui était venu à Londres avec l’intention de faire fortune à la Bourse, et dont le père avait payé une somme considérable pour obtenir le privilège pour son fils de lire le Times dans le bureau de Sheldon et de s’initier tant bien que mal à la nature des opérations auxquelles se livrait son patron.

La carrière parcourue par Philippe avait été suivie avec quelque intérêt par ses compatriotes de Barlingford : ils l’avaient vu quitter leur ville avec quelques centaines de livres dans sa poche et ils avaient entendu