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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

cité affairée, et cette même créature rachetée par votre affection et exaltée par l’amour et par la confiance de Gustave !

« Quelques instants après ma seconde fille apparut : une jolie enfant, aux façons aimables et caressantes, et alors la supérieure nous demanda s’il nous serait agréable de visiter le jardin.

« Comme de raison je dis oui, et nous fûmes conduits par de longs corridors dans un beau vieux jardin, où les élèves qui me représentaient celles de la pension traduites en français jouaient et couraient selon les traditions habituelles.

« Après la visite du jardin, nous nous rendîmes à la chapelle où il y avait des tableaux de sainteté, des autels parés de fleurs, et de longs cierges brûlant çà et là à la froide clarté du jour.

« Nous y trouvâmes des demoiselles plongées dans de pieuses méditations depuis plus de cinq heures.

« — On envoie jusqu’aux petites pour méditer, me dit Clarisse.

« Nous vîmes, en effet, ces enfants agenouillées devant l’autel paré de fleurs, plongées dans une religieuse extase. Les jeunes filles nous regardèrent timidement quand nous passâmes auprès d’elles.

« Quand on nous eut montré tout ce qu’il y avait d’intéressant à voir dans ce vieil et plaisant établissement, Clarisse et Madelon coururent se mettre en toilette de promenade, pour nous accompagner à Cotenoir, où nous devions dîner.

« C’était une véritable fête de famille.

« Mlle Lenoble était là, ainsi que papa. Il était arrivé au château pendant que Gustave et moi nous faisions notre visite au couvent. Il est de la meilleure humeur