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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

vous. Je me suis lâchement tu dans votre intérêt. Quand cette mort vous a eu enrichi, je vous ai demandé un peu d’argent. Vous savez combien vous m’avez donné et avec quelle grâce. Si vous m’aviez donné vingt fois la somme que vous avez gagnée à la mort de Tom, je la rendrais et je donnerais vingt fois cette somme pour lui rendre la vie et pouvoir me dire que je n’ai jamais été le complice d’un assassin. Oui, par Dieu, je le voudrais ! quoique je ne sois pas scrupuleux à l’excès. Malheureusement, c’est un fait accompli, et tout l’argent de la Banque d’Angleterre ne déferait ce que vous avez fait dans Fitzgeorge Street. Mais écoutez bien, si vous essayez quelque… chose de pareil contre la fille de Tom, si c’est là le plan que vous méditez pour vous emparer de cet argent, aussi vrai que nous existons tous les deux, Philippe, je vous dénoncerai et je sauverai la fille de celui que vous avez assassiné. Je le ferai, Philippe, quoi qu’il puisse arriver. Vous ne pourrez pas vous débarrassez de moi, mon cher, n’essayez même pas. Je vous connais, moi, et c’est le meilleur antidote contre vos poisons.

— Si vous étiez assez bon pour venir me dire ces choses à la Bourse, je pourrais vous intenter un procès en diffamation ou vous faire enfermer dans une maison de fous. Il est fort inutile de me dire tout cela ici. »

Philippe, dans cette crise, était moins agité que son frère, étant plus ferme et moins impressionnable par nature.

Il saisit son accusateur par le collet et l’écarta violemment du seuil de la porte.

Ainsi se termina sa visite à Gray’s Inn.

Malgré toute l’audace qu’il avait montrée dans cet entretien, il arriva à son cabinet profondément accablé.