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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Une fois en train de parler, Georgy avait dit tout ce qu’elle pouvait dire, ravie de se voir écoutée avec intérêt.

« J’ai foi dans ce que vous m’avez promis, mon cher père, » concluait Diana, après avoir raconté l’histoire Meynell. « La chère dame a agi avec tant d’abandon et de confiance, elle semblait si satisfaite de l’intérêt que je paraissais prendre aux affaires de sa famille, que je ne me pardonnerais jamais s’il pouvait résulter quelque dommage, pour elle ou pour les personnes qu’elle aime, des renseignements ainsi obtenus. »

Les renseignements étaient très-complets.

Mme Sheldon avait une bonne et aimable nature, mais ce n’était pas une de ces âmes délicates qui reculent instinctivement devant le récit d’une chose honteuse ou affligeante.

Elle avait raconté à Diana, avec force lamentations et non moins de réflexions banales et orthodoxes, la triste histoire de la fuite de Susan, puis son retour, quatorze ans après, dans un état de complet dénuement.

La pauvre petite malle, avec le nom du fabricant à Rouen, avait même été minutieusement mentionnée par Mme Sheldon.

Une certaine pudeur féminine l’avait toujours empêchée de raconter cette histoire en présence de son beau-frère, dont les façons d’homme du monde n’étaient nullement engageantes pour une révélation sentimentale.

Il était résulté de là que George n’avait jamais entendu prononcer le nom de Meynell à l’occasion de la