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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

L’agent fut conduit par deux salons successifs qui précédaient l’appartement où l’homme disparu avait passé tant de nuits cruelles, tant de lourdes journées. Il trouva Laura debout devant l’une des fenêtres ayant vue sur la pelouse unie, les regards tournés vers le chemin sablé conduisant à la loge principale.

Elle se retourna au bruit des pas de Carter et se passa la main sur le front. Ses paupières tremblaient et elle avait l’apparence d’une personne dont les sens ont été surexcités par une violente émotion.

— M’apportez-vous des nouvelles de mon père ? — dit-elle. — Ce nouveau malheur, cet accident mystérieux me rend folle.

Laura tourna son regard suppliant vers l’agent. Il y avait dans le visage de ce dernier une gravité qui l’effrayait.

— Vous êtes venu m’apprendre quelque nouveau malheur, — dit-elle.

— Non, mademoiselle Dunbar… non, lady Jocelyn, je n’ai pas de nouveaux malheurs à vous apprendre. Je suis venu ici à la recherche du… du gentleman qui a disparu cette nuit. Il faut que je le trouve, coûte que coûte. Il faut pour cela que vous m’aidiez un peu. Vous pouvez vous fier à moi pour le retrouver et promptement, s’il est encore de ce monde.

— S’il est encore de ce monde ! — s’écria Laura avec frayeur. — Est-ce que vous croyez… est-ce que vous craignez que…

— Je ne crois rien, lady Jocelyn. Mon devoir est très-simple et il est tout tracé. Il faut que je retrouve l’homme disparu.

— Il faut que vous retrouviez mon père ? — dit Laura intriguée. — Je désire assurément beaucoup qu’on le retrouve ; et si… si vous voulez accepter une récompense quelconque pour vos efforts, je serai trop heureuse de vous donner ce que vous demanderez. Mais