Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

La femme du gardien n’était pas seule ; quelques commères étaient rassemblées dans le petit parloir simplement meublé, et la conversation était bruyante et animée.

— J’ai été tellement surprise quand j’ai appris cela que j’ai failli tomber à la renverse, — disait la maîtresse du logis au moment où Carter et son compagnon se présentèrent à la grille du parc.

— Je désire voir M. Dunbar pour affaires particulières, — dit Carter. — Dites-lui que je viens de la maison de banque de Saint-Gundolph Lane. J’ai à remettre à M. Dunbar une lettre de son associé.

La concierge leva les bras et les yeux au ciel en témoignage de son profond étonnement.

— Je vous demande bien pardon, monsieur, — dit-elle ; — mais, après ce qui vient de se passer, je ne sais plus ce que je fais. M. Dunbar est parti, monsieur ; et personne de la maison ne sait pourquoi il est parti, ni à quel moment, ni où il est allé. Son domestique a trouvé les appartements vides ce matin, et le palefrenier qui soignait le cheval de M. Dunbar, et qui couche sur le derrière du château, pas bien loin de l’écurie, a cru entendre du bruit la nuit dernière de ce côté-là : mais il a mis cela sur le compte du changement de temps qui tourmentait l’animal. Ce matin, il a vu que le cheval était parti et le sable tout foulé, et il a trouvé par terre, de près la porte du jardin, la canne à pomme d’or dont se servait M. Dunbar ; car le pauvre gentleman était encore si boiteux, que c’est tout au plus s’il pouvait se traîner d’une chambre à l’autre. Personne ne peut comprendre comment il a pu faire pour seller son cheval et s’en aller sans que personne l’ait entendu, et tout le monde ce matin a perdu la tête à chercher M. Dunbar du haut en bas ; mais on ne l’a trouvé nulle part.

Carter pâlit et frappa violemment du pied. C’est un