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HENRY DUNBAR

George et ayant trait à l’affaire que nous poursuivons. Ne prenez pas garde à mes questions ; ne les écrivez pas, car elles seront inutiles. Écrivez les réponses aussi littéralement que possible. Elles trouveront leur place, soyez sans crainte. Ce sera mon affaire de les mettre au net et de les réunir ensuite. Vous devez être muet et prendre des notes, monsieur Austin ; c’est tout ce que vous avez à faire.

« — Je vous promets de faire de mon mieux.

« Nous approchions de l’Hôtel George, et je ne pouvais m’empêcher de songer à cette belle journée d’été par laquelle Dunbar et sa victime étaient venus à Winchester comme première étape d’un voyage que l’un d’eux ne devait jamais finir. La conviction de la culpabilité du banquier était devenue si forte en moi depuis la scène de Saint-Gundolph Lane, que je pensais alors à cet homme comme s’il avait déjà été jugé et reconnu coupable. Je fus surpris quand l’agent me parla de son crime comme d’une chose faisant question et encore à prouver. Dans mon esprit, Dunbar se reconnaissait, par sa conduite, comme meurtrier de son ancien domestique, Joseph Wilmot.

« Le temps était froid, il faisait du vent, et il y avait peu de promeneurs dans la Grande Rue montueuse de Winchester. Nous fûmes reçus avec beaucoup d’égards à l’Hôtel George, et conduits dans un petit salon très-confortable du premier étage, dont les fenêtres donnaient sur la rue. Deux chambres à coucher à proximité du salon nous furent assignées. Je commandai le dîner pour six heures, m’étant assuré que cette heure convenait à M. Carter, qui retirait doucement toutes les couvertures de voyage qui l’enveloppaient, et regardait attentivement chaque objet qui était dans la chambre, comme s’il pensait qu’il pouvait y avoir quelque fragment de renseignement à recueillir d’une persienne ou d’un seau à charbon, ou quelques