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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Rien n’est plus loin de ma pensée qu’un pareil projet, — dit-il. — Non, monsieur Balderby. Je ne me suis consacré aux affaires que parce qu’on m’enleva, il y a trente-cinq ans, le droit de suivre une autre carrière que je préférais de beaucoup. Je suis très-content d’être un associé inactif dans la maison Dunbar, Dunbar et Balderby. Pendant les dix années qui précédèrent la mort de mon père, il ne prit aucune part aux affaires. La maison marcha très-bien sans lui, elle marchera également bien sans moi. L’affaire qui m’amène à Londres est toute personnelle. Je suis riche, mais je ne sais pas au juste quel est le total de ma fortune, et je veux réaliser une somme d’argent un peu forte.

Balderby s’inclina, mais ses sourcils se relevèrent légèrement, car il lui fut impossible de dominer complètement sa surprise.

— Avant le mariage de ma fille, je lui ai donné par contrat la maison de Portland Place et le domaine du comté d’York. Elle aura à ma mort toute ma fortune, et, comme sir Philip Jocelyn est riche, elle sera peut-être une des femmes les plus riches de l’Angleterre. Jusqu’ici tout est bien. Ni Laura ni son mari n’auront lieu d’être mécontents. Mais cela ne suffit pas, monsieur Balderby. Je ne suis pas très-démonstratif et je n’ai jamais fait grand étalage de mon amour pour ma fille, mais je l’aime néanmoins.

Dunbar parlait très-lentement, et il s’arrêta une fois ou deux pour s’essuyer le front avec son mouchoir, comme à l’hôtel de Winchester.

— Nous autres, Anglo-Indiens, nous avons des façons magnifiques de faire les choses, monsieur Balderby, — continua-t-il, quand une fois nous nous sommes mis en tête de les faire. Je veux donner à ma fille un collier de diamants pour son cadeau de noce, et je veux que ce collier soit aussi beau que celui qu’un