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HENRY DUNBAR

charmante, qu’elle était la belle des belles, et que sir Philip était le plus heureux des hommes d’avoir découvert cette gracieuse et joyeuse enfant parmi les misses prudes et guindées de la brumeuse Angleterre.

Laura devint fort à la mode parmi ses connaissances parisiennes, et à la Maison-Dorée plus d’un toast fut porté à la belle Anglaise aux cheveux d’or et aux yeux noirs veloutés.

Un matin, Laura dit à son mari avec un rire joyeux :

— Je vais encore faire de vous une victime, mais vous allez me promettre d’être patient et de subir encore une fois mon caprice.

— Que désirez-vous de moi, ma chérie ?

— J’ai besoin que vous me consacriez toute une journée au Louvre. Je désire voir tous les tableaux, les tableaux modernes surtout. Je me rappelle tous les Rubens, car je les ai vus il y a trois ans pendant mon séjour à Paris avec mon grand-père. Je préfère les tableaux modernes, Philip, et j’ai besoin que vous me renseigniez au sujet des artistes, que vous me disiez ce que je dois admirer, et toutes choses de ce genre.

Philip n’avait jamais rien refusé à sa femme, donc il accéda à sa demande, et Laura s’éloigna pour courir à son cabinet de toilette comme une jeune pensionnaire qui aurait supplié pour obtenir un jour de vacance et aurait gagné sa cause. Elle revint au bout de dix minutes environ dans une toilette des plus fraîches, d’un bleu clair et doux comme un ciel de printemps, des gants gris perle, des bottines, une ombrelle et un chapeau qui semblaient avoir été faits de papillons azurés.

Ils allaient bientôt arriver à la fin de ce charmant voyage de lune de miel. On était au commencement de février, le temps était doux, le ciel pur, le soleil brillait, car février à Paris est quelquefois meilleur que le mois d’avril à Londres.

La besogne de Philip ne fut pas légère ce jour-là, car