La cloche du départ retentit, et les sept concurrents partirent comme l’éclair. Quatre tenaient la tête, les trois autres suivaient. Sir Philip était au nombre des quatre premiers, dirigeant sa monture d’une main assurée et ne se pressant pas. C’était sa dernière course, et il s’était promis d’être vainqueur. Laura, appuyée sur la portière de la voiture, suivait, pâle et haletante, les péripéties du steeple-chase avec une puissante lorgnette. Elle vit les gentlemen-riders accomplir le premier saut. Puis ils disparurent, et les quelques minutes pendant lesquelles ils restèrent invisibles parurent un siècle à la pauvre enfant. Les spectateurs se précipitèrent pour les voir accomplir le saut du double obstacle dans le chemin, et revinrent en courant reprendre leur place, au moment où trois des concurrents apparaissaient de nouveau au second tournant.
La casaque écarlate tenait la tête cette fois. Les braves campagnards poussèrent un hurrah pour le maître de Jocelyn’s Rock. N’avaient-ils pas parié pour lui et n’étaient-ils pas fiers de lui ?… fiers de son beau visage qui, malgré sa bonté, laissait percer une certaine fierté qui sied à celui qui a dans les veines du sang des rois saxons ; fiers de son cœur généreux, plein de condescendance pour son prochain. Ils l’acclament au moment où il passe devant eux, penché sur le col de sa jument rapide qui soulève dans sa course des fragments de terre gazonnée. Laura voit la casaque écarlate s’enlever un instant vers le ciel, puis retomber et continuer sa course. C’est à peu près tout ce qu’elle distingue de ce saut périlleux qui l’a tant effrayée la vielle. Son cœur est encore agité d’une vague terreur au moment où son fiancé arrive tranquillement devant la tribune, et où les gens qui entourent la voiture s’écrient que la course est terminée et noblement gagnée. Les autres concurrents apparaissent lentement l’un après l’autre avec cet air déconfit par-