renversa dans son fauteuil, et passa sur son beau front son fin mouchoir de batiste, ainsi qu’il avait coutume de le faire de temps en temps.
— Dans le cas présent, je crois que le criminel sera probablement arrêté, — continua Lovell, s’appesantissant toujours sur le sujet du meurtre. — Les habits le feront reconnaître. Il essayera, sans doute, de les vendre ; et comme c’est évidemment quelque rustre ignorant, il tentera probablement de les vendre à quelques milles du théâtre de son crime.
— J’espère qu’on le découvrira, — dit Balderby remplissant son verre de bordeaux. — Je dois dire que je n’ai jamais entendu dire rien de bon sur le compte de ce Wilmot, et je crois qu’il alla de mal en pis après votre départ d’Angleterre, monsieur Dunbar.
— Ah !
— Oui, — reprit le plus jeune associé jetant un regard un peu inquiet sur son chef, — il fit un faux, je crois, il fabriqua de faux billets de banque ou quelque chose de ce genre, et fut déporté à vie ; mais je suppose qu’il obtint sa libération et revint en Angleterre.
— Je n’avais aucune idée de cela, — dit Dunbar.
— Il ne vous en a donc pas parlé ?
— Oh ! non, il n’était pas probable qu’il me raconterait pareille chose.
La conversation sur ce sujet en resta là pour le moment. À neuf heures, Dunbar quitta le salon pour aller surveiller l’emballage de ses effets, et un peu avant dix heures, les trois gentlemen partirent en voiture de l’Hôtel George pour se rendre à la gare.
Ils y arrivèrent à dix heures moins cinq ; le train ne devait partir qu’après dix heures un quart.
Balderby se fit délivrer les trois billets. Dunbar et Lovell se promenèrent sur le quai en se donnant le bras.
Au moment où la cloche donnait le signal de l’arri-