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AURORA FLOYD

Le Colonel prit une lanterne des mains de l’un des valets et courut le premier au bord de l’eau. Le chien se leva à son approche, et fit lentement le tour du cadavre, en le flairant et en poussant des cris plaintifs. Mellish repoussa l’animal.

— Cet homme était assis quand on a tiré sur lui, — dit le Colonel d’un ton assuré ; — il était assis sur ce banc.

Il montrait en disant ces mots le banc délabré placé près du bord de l’étang.

— Il était assis sur ce banc, — répéta le Colonel, — car il est tombé tout contre, comme vous voyez. À moins que je ne me trompe, on a tiré sur lui par derrière.

— Vous ne croyez pas qu’il s’est tué lui-même, alors ? — demanda Mellish.

— Tué lui-même ! — s’écria le Colonel, — pas le moins du monde ; mais nous serons bientôt fixés sur ce point : s’il s’est tué lui-même, le pistolet doit être près de lui. Apportez une des planches de ce kiosque et mettez le corps dessus, — ajouta l’officier indien.

Prodder et les deux grooms choisirent la planche la plus large qu’ils purent trouver. Elle était couverte de mousse, pourrie, et entrelacée de clématites sauvages ; mais cela aidait au but qu’on se proposait. Ils la placèrent sur l’herbe et y déposèrent le corps de Conyers, dont le beau visage, pâle et défiguré par la dernière angoisse de la mort, était tourné du côté de la lune. Il était surprenant de voir comme tout se faisait tranquillement et machinalement sous les ordres du Colonel.

Mellish et Lofthouse fouillèrent l’herbe humide et jusqu’à la bordure de fougères sans le moindre résultat : il n’y avait pas d’arme dans le cercle assez étendu où ils avaient cherché autour du cadavre.

Tandis qu’ils continuaient leurs recherches de tous côtés pour trouver la clé du mystère de la mort de l’homme qui gisait à leurs pieds, le constable de la paroisse arriva, conduit par le domestique qui l’avait été chercher.

Il n’avait, quant à lui, que très-peu de chose à dire, si ce n’est qu’il supposait que le crime avait été commis par