Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
AURORA FLOYD

lui-même après Grimstone, plutôt que ce fût Mellish qui fît cette commission ; car il aurait été aussi facile au jeune châtelain de traduire un numéro du Sporting Magazine en grec que de garder un secret pendant une demi-heure, quoique sérieusement décidé, ou consciencieusement déterminé à le faire.

Bulstrode avait fait tous ses efforts pendant toute la journée pour tenir autant que possible son ami hors de portée de toute créature vivante, pleinement convaincu que les manières de Mellish le trahiraient certainement au regard le moins observateur qui pourrait par hasard le voir.

Red Rover fut sellé, et, après vingt injonctions de John, Talbot partit par un beau coucher de soleil d’été. Le plus court chemin des écuries à la grand’route le faisait passer par le cottage du nord. Il avait été fermé depuis le jour des funérailles de l’entraîneur, et les meubles qu’il contenait abandonnés aux souris et aux rats ; car les domestiques de Mellish étaient trop superstitieux et trop impressionnés par l’histoire du meurtre pour remettre ces meubles qu’ils avaient choisis pour Conyers dans les mansardes où ils avaient été pris. La porte avait été fermée et la clef remise à Dawson, le jardinier, qui était encore une fois libre de se servir du cottage pour serrer les plantes et les paillassons, les vieux châssis à concombres et les instruments de jardinage hors de service.

Cet endroit paraissait assez triste, quoique le soleil brillât en une pompeuse illumination sur une des fenêtres grillées qui faisait face à l’occident enflammé, et quoique les dernières feuilles des roses fussent encore couchées sur les hautes herbes devant la porte par laquelle Conyers avait passé pour aller à sa dernière demeure. Un des garçons d’écurie avait accompagné Bulstrode pour lui ouvrir les grilles rouillées qui pendaient pesamment sur leurs gonds et n’étaient jamais fermées.

Talbot chevaucha d’un bon trot jusqu’à Doncastre, ne quittant pas les rênes jusqu’à ce qu’il eût atteint la petite auberge dans laquelle l’agent de police avait pris ses quartiers. Grimstone avait été se rafraîchir à la hâte, après une