chissement, il partit à pied pour Mellish Park. C’était le principe de sa vie d’éviter de se laisser observer, et il préféra la fatigue d’une longue et solitaire promenade aux risques fortuits de louer un véhicule pour le mener à destination.
Talbot et John, pleins d’espoir, avaient attendu toute la journée son arrivée et le reçurent de leur mieux quand il apparut entre dix et onze heures. Ce soir-là, il apparut dans la propre chambre de John ; car les deux amis étaient restés à fumer et à causer après qu’Aurora et Lucy se furent retirées. Mme Mellish avait besoin de repos et pouvait dormir tranquillement, car l’ombre funeste qui s’était dressée entre elle et son mari avait disparu pour toujours, et elle ne pouvait craindre un péril, un chagrin, alors qu’elle se savait sûre de son amour. John regarda vivement quand Grimstone suivit le domestique dans la chambre ; mais un regard significatif de Bulstrode arrêta son impétuosité et il ne parla pas jusqu’à ce que la porte fût fermée.
— Eh bien, Grimstone, — dit-il, — quoi de nouveau ?
— Rien, monsieur, j’ai eu une dure journée de travail, — répondit l’agent gravement, — et peut-être aucun de vous, messieurs, n’étant de la profession, n’aura une haute idée de ce que j’ai fait : mais en fin de compte, je crois que j’ai trouvé, monsieur ! je crois que j’ai trouvé !…
— Dieu merci ! — murmura Talbot respectueusement.
Il avait jeté son cigare, et était assis près de la cheminée, le bras appuyé sur l’angle de la tablette de marbre.
— Vous avez un jardinier du nom de Dawson à votre Service, monsieur Mellish ? — dit l’agent.
— Oui, — répondit John, — mais que Dieu nous en préserve ! vous ne croyez pas que ce soit lui ? Dawson est le meilleur garçon qui ait jamais existé.
— Je ne dis pas que je crois que ce soit quelqu’un jusqu’à présent, monsieur, — répondit Grimstone, — mais quand un homme a eu deux mille livres sur lui en billets, qu’il est trouvé mort dans un bois, que les billets manquent, que le bois est désert, quoiqu’on puisse le traverser, c’est